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Contexte
La guerre mondiale qui ouvre le XXe siècle bouleverse le monde dans tous les domaines, y compris celui de la musique. En quête de nouveaux repères, les compositeurs cherchent à rompre avec le langage musical de leurs prédécesseurs, et donnent naissance à une musique inédite, élaborant de nouveaux systèmes. Si Arnold Schönberg et ses élèves font voler en éclat la musique tonale, Claude Debussy et Maurice Ravel, entre autres, puisent leur inspiration dans les musiques extra-européennes et dans le jazz. Ce style nouveau, expression privilégiée des Noirs Américains, est issu des chants de travail (work songs) des esclaves africains et des chants religieux (negro spirituals, gospel). La musique vocale continue de s'épanouir dans les deux genres que sont l’opéra et la mélodie, mais parfois dans des formes plus libres.
Caractéristiques
Au XXe siècle, les compositeurs, cherchant sans cesse à se renouveler, s'engagent dans des voies différentes. On peut ainsi distinguer trois courants :
- les compositeurs qui veulent s’écarter des codes établis jusqu’alors : alors que Richard Wagner a poussé très loin le système tonal, Arnold Schönberg et ses élèves s’emploient à écrire une nouvelle musique atonale ;
- les compositeurs qui puisent leur inspiration dans le répertoire folklorique traditionnel (Bartók, Kodaly, Ligeti par exemple chez les compositeurs hongrois) ;
- les compositeurs qui poursuivent l’utilisation du langage de leurs prédécesseurs, en le nourrissant de jazz, de musiques extra-européennes, de complexifications harmoniques.
Certains compositeurs écrivent tantôt selon un courant, tantôt selon un autre, en fonction de leur propre évolution.
En parallèle à ma musique dite « savante », le jazz émerge progressivement dans le paysage musical. C'est un style caractérisé, entre autres, par l'utilisation du swing (technique rythmique propre au jazz qui installe le ternaire dans le binaire), l'accentuation des temps faibles et une large place laissée à l’improvisation.
Les origines du jazz sont multiples : work songs, negro-spirituals, gospel et blues, auxquels viendra s’ajouter le ragtime.
- Work songs : Chants de travail, chantés a cappella par les esclaves africains déportés pour travailler dans les champs de coton américains.
- Negro-spirituals : Chants aux paroles religieuses, chantés par la population d’esclaves afro-américains. La plupart du temps a cappella ou accompagnés par des percussions succinctes, ils fonctionnent souvent en « réponses » : un leader lance le chant, repris par l’assemblée. Les paroles sont fortement influencées par l’Ancien Testament.
- Gospel : Chants religieux qui prennent la suite des negro-spirituals. Les instruments y jouent un rôle beaucoup plus important, et les paroles sont inspirées des évangiles (« gospel » signifie « évangile »). Les gospels font souvent intervenir un quartet vocal (deux ténors, un baryton et une basse) tel le célèbre Golden Gate quartet.
- Blues : Le terme « blues » provient de la contraction de l’expression anglaise « blue devils » (littéralement « diables bleus »), qui signifie « idées noires ». Ces chants apparaissent à la fin du XIXe siècle et prennent la suite des work songs. Chantés à la première personne, ils expriment le mal-être et la tristesse.
- Ragtime : Né à la fin du XIXe siècle, le ragtime est un style musical né de la symbiose entre la musique classique européenne et la syncope africaine. Souvent joué au piano, « ragtime » signifie « temps déchiqueté » car la main droite effectue des syncopes pendant que la main gauche joue les temps. Le compositeur Scott Joplin en est le principal représentant.
- Jazz : Issu de tous les genres cités plus haut, le jazz naît à La Nouvelle-Orléans. En 1917, l’Original Dixieland Jass Band enregistre pour la première fois cette musique. Des musiciens comme Sydney Bechet et Louis Amstrong deviennent les grands solistes de ces ensembles qui improvisent collectivement. Le jazz connaît plusieurs évolutions : le swing, le be-bop, puis le free-jazz et la fusion. Le swing se caractérise par un grand orchestre de cuivres, et des chorus de solistes au détriment de l’improvisation collective : ce sont les big-bands, dont le répertoire est marqué par les compositions de George Gershwin.
Auteure : Bérénice Blackstone