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L’Angleterre et la musique au début du XVIIIe siècle
Situation politique, économique et culturelle
Au début du XVIIIe siècle, l’Angleterre est le royaume le plus prospère d’Europe. C’est une monarchie parlementaire : un parlementLe parlement est constitué de deux chambres : la chambre des Lords et la chambre des Communes. limite et contrôle les pouvoirs des rois et reines en place. C’est un régime politique envié par les philosophes des Lumières dans le reste de l’Europe.
En 1707, sous le règne de la reine Annereine d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande de 1702 à 1707, puis de Grande-Bretagne et d’Irlande de 1707 à 1714, l’Angleterre et l’Écosse se réunissent pour former la Grande-Bretagne. À la reine Anne succèdent les rois George Ier (de 1714 à 1727) et George II (de 1727 à 1760).
La vie économique, intellectuelle et artistique y est foisonnante, particulièrement à Londres, la plus grande ville d’Europe, où la population est trois fois plus importante qu’à Parisalors que la population totale de la France est deux fois et demi celle de l’Angleterre. Il existe une classe moyenne aisée adepte des salles de spectacles et des concerts, qui ne sont pas réservés à la noblesse comme en France. En littérature, c’est aussi une période faste avec l’écriture de romans tels que Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719) ou des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift (1721).
Londres attire des artistes et artisans venus de toute l’Europe : peintres, sculpteurs, architectes, bâtisseurs ou musiciens. Leur arrivée est particulièrement favorisée sous le règne de George IerAncien électeur de Hanovre, son accession au trône va de pair avec la venue d’artistes allemands à Londres, dont le compositeur Haendel.. Ils sont principalement italiens ou germaniques (les Français sont un peu moins représentés) et l’Angleterre devient un « lieu de synthèse européenne »François Sabatier, Miroirs de la musique, éditions Fayard - 2000, p.405 en architecture et en musique.
La musique en Angleterre
La vie musicale en Angleterre est plus dense et diversifiée que dans le reste de l’Europe. En plus des concerts réservés aux grands de ce pays et de la musique d’église, il existe une pratique musicale presque comparable à celle que l’on connaît aujourd’hui : concerts de circonstances, concerts de charité, concerts pour promouvoir des artistes, concerts de musique ancienne, sociétés musicales…. Il est également possible de s’abonner à des cycles de concerts. La pratique amateur est aussi très développée. Et les plus riches (dont le roi lui-même), passionnés d’opéra, subventionnent quant à eux des compagnies destinées à la mise en scène des œuvres lyriques. S’adressant à différentes classes de la société, les goûts et les styles musicaux sont donc tout autant diversifiés.
L’Angleterre fourmille de compositeurs et interprètes italiens ou ayant étudié la musique italienne. Aussi, le style italien occupe une place prépondérante, même chez les compositeurs anglais, que ce soit pour la musique instrumentale (la sonate en musique de chambre, le concerto, le concerto grosso) ou la musique vocale, avec notamment une attirance pour l’opéra italien. C’est d’ailleurs par ce genre musical que Georg Friedrich Haendel se fait remarquer.
Mais il existe aussi des genres typiquement anglais tels que l’anthem, une forme vocale issue de la musique religieuse anglicane et basée sur la paraphrase de versets bibliques. Haendel a composé plusieurs anthem, de même que les plus grands compositeurs anglais (Thomas Tallis, William Byrd, Henry Purcell) qui l’ont précédé.
Divertissement luxueux, le masque est un genre théâtral assez ancien constitué de musique, de poésie et de danse. Il est toujours pratiqué au XVIIIe siècle notamment par un compositeur anglais moins connu de nos jours que Purcell ou Haendel : William Boyce.
« Comédie musicale » satirique en langue anglaise, le Beggar’s Opera (« opéra du gueux »), créé par le poète John Gay et le compositeur Johann Pepusch, remporte un succès prodigieux en attirant notamment les classes moyennes. Il inspire de nombreuses autres comédies de cette veine et est en quelque sorte l’ancêtre des comédies musicales actuelles. Égratignant l’opéra italien, son succès coïncide avec son déclin et la faillite des grandes compagnies, et marque un tournant dans l’histoire de la musique anglaise.
Auteure : Aurélie Loyer