La fleur de lys peinte sur la table de cet instrument indique qu’il s’agit d’un instrument royal. Peut-être fut-il destiné à Madame Victoire, fille de Louis XV, ou à Marie-Antoinette. Un piano très proche de celui-ci est conservé à Versailles, et un troisième piano de ce type, réalisé par le même facteur, est présent dans les collections du Musikinstrumenten-Museum de Berlin.
À la fin de l’Ancien Régime, Pascal Taskin est l’un des facteurs les plus célèbres de Paris. Né dans les environs de Liège, il devient rapidement apprenti de François-Etienne Blanchet à Paris, dont il prend la succession en 1766.
Taskin conçoit un certain nombre d’innovations pour le clavecin, telles que le jeu de buffle et le système de genouillères permettant de changer de registration tout en jouant.
Très connu pour ses réalisations et ravalements de clavecins, Taskin s’intéresse progressivement au piano. Après avoir entendu Clémenti jouer un piano anglais, il achète quatre pianos Outre-Manche, en 1784. Pour autant, la mécanique qu’il crée s’inspire peu des modèles de ce type. Taskin combine des éléments d’origines diverses : de la mécanique viennoise, il conserve l’orientation du marteau, et de l’anglaise, le point d’attache du marteau, indépendant de la touche. En cela il se rapproche de la mécanique de Gottlieb Schröter, inventée vers 1720.