Ce piano possède un clavier à pédales qui, à l’instar de celui des orgues, permet d’enrichir le jeu polyphonique. À une époque où les frontières entre les sphères privées et publiques, mais aussi profanes et sacrées, étaient amplement questionnées, la création de cet instrument hybride permit d’interpréter au piano des répertoires habituellement réservés à l’orgue.
Héritiers de clavicordes et clavecins à pédalier conçus au XVe siècle, des instruments de ce type ont été fabriqués au XVIIIe siècle ; mais le regain d’intérêt qui marqua le milieu du XIXe siècle a la particularité d’avoir été accompagné de la composition d’œuvres à destination du piano-pédalier – ainsi Schumann, Boëly ou Alkan s’y attachèrent.
Présenté pour la première fois par la maison Érard en 1851 lors de l’exposition universelle de Londres, ce modèle de piano pédalier doit beaucoup à Franz Liszt qui, dès 1842, encouragea Pierre Érard (1794-1855) à construire un instrument de ce type.
Le pédalier de ce piano agit « en tirasse » sur les trente-deux notes les plus graves du clavier. C’est la mise en jeu des pédales qui permet d’enfoncer les touches du clavier du piano par l’intermédiaire d’un dispositif mécanique.
S’il a été beaucoup joué par des organistes, le piano-pédalier n’a pas été conçu comme succédané de l’orgue. L’étendue et la disposition du pédalier diffèrent de celles de l’orgue, aussi cet instrument demande-t-il un apprentissage particulier.