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Carmen Georges Bizet
Carte d’identité de l’œuvre : Carmen de Georges Bizet |
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Genre | opéra : opéra-comique |
Librettistes | Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle Carmen de Prosper Merimée |
Langue du livret | français |
Composition | en 1875, à Paris, Bougival (Yvelines) |
Création | le 3 mars 1875 à l’Opéra Comique, à Paris |
Forme | opéra en quatre actes |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 cornets à pistons, 2 trombones percussions : timbales, caisse claire, grosse caisse, tambour de basque, cymbales, triangle, castagnettes cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses instruments joués sur scène : 2 trompettes et 3 trombones |
Contexte de composition et de création
Inspiré de l’œuvre éponyme de Prosper Mérimée, l’opéra-comique CarmenComme l’exige le genre de l’opéra-comique, la version originale de Carmen comporte des dialogues parlés. Cependant, de nos jours, la version la plus couramment représentée est celle où ces dialogues sont remplacés par les récitatifs composés par Ernest Guiraud pour la création de l’œuvre à Vienne en octobre 1875. a été composé par le Français Georges Bizet quelques mois avant sa mort. Il reçoit une commande de l’Opéra Comique pour « une petite chose facile et gaie »… qui connaîtra un succès mondial retentissant pendant plusieurs siècles, mais fera scandale après la première représentation !
Pour la première fois dans l’histoire de l’opéra, Bizet ose rompre avec la tradition. Présenter une histoire évoquant passion, violence et se terminant par le tragique destin de Carmen est inédit à l’Opéra Comique, où fut créé l’ouvrage. Mais ce n’est pas la seule innovation. L’introduction de passages dramatiques associés à des moments de comédie, la mise en scène des chœurs pour la première fois, évoluant sur scène en petit nombre, sans oublier des parties orchestrales ardues pour les musiciens, contribuèrent également au renouveau du langage musical. Pourtant, la création ne reçut pas le succès tant attendu. Le public, choqué par le sulfureux personnage de Carmen, s’offusqua contre le caractère immoral du sujet, regretta l’exécution moyenne des musiciens et déplora surtout la longueur du spectacle, jugé interminable.
L’œuvre est aujourd’hui un des opéras les plus joués au monde.
L’argument
À Séville, Carmen, jeune bohémienne et grande séductrice, n’en est pas moins une femme rebelle : elle déclenche une bagarre dans la manufacture de tabac où elle travaille, et se fait arrêter. Le brigadier Don José, chargé de la mener en prison, tombe sous son charme et la laisse s’échapper. Pour l’amour de Carmen, il va abandonner sa fiancée Micaëla, déserter et rejoindre les contrebandiers. Mais il est dévoré par la jalousie et Carmen, se lassant de lui, se laisse séduire par le célèbre torero Escamillo. Don José, fou de désespoir, la frappe à mort avec un poignard lors de la scène finale devant l’arène, alors qu’Escamillo apparaît sur les marches du cirque, entouré de la foule qui l’acclame.
Les personnages et leur voix
- Carmen, cigarière et séduisante bohémienne, mezzo-soprano
- Don José, brigadier, ténor
- Micaëla, jeune paysanne, soprano
- Escamillo, célèbre torero, baryton
- Frasquita, bohémienne et amie de Carmen, soprano
- Mercédès, bohémienne et amie de Carmen, mezzo-soprano
- Zuniga, lieutenant, basse
- Moralès, brigadier, baryton
- Le Dancaïre, contrebandier, baryton
- Le Remendado, contrebandier, ténor
- Lillas Pastia, tavernier, rôle parlé
- Un guide, rôle parlé
Thèmes caractéristiques du Prélude
Le Prélude utilise les motifs principaux qui seront ensuite distillés et développés dans l’œuvre. Quatre thèmes y sont exposés :
- un premier thème au caractère allègre et militaire, très brillant, joué dans une nuance forte ;
- un deuxième thème contrastant avec le premier, plus léger et joué piano ;
- un troisième thème qui représente le personnage fougueux et fier du torero Escamillo ;
- un dernier thème qui laisse augurer la fin de l’opéra, évoquant la mort (caractère funèbre souligné par une mélodie descendante et l’utilisation de l’intervalle de seconde augmentée) :
Le reste de l’opéra comporte de nombreux autres thèmes, également très célèbres (la Habanera dans l’acte I par exemple)
Focus : quintette « Nous avons en tête une affaire »
L’extrait « Nous avons en tête une affaire » est tiré du deuxième acte de Carmen. Il est écrit pour orchestre et quintette vocal.
Dans cette scène, le Remendado et le Dancaïre essaient de convaincre Frasquita, Mercédès et Carmen de commettre un forfait avec eux. Leur argument principal est le suivant, asséné sous forme de refrain :
Quand il s’agit de tromperie, de duperie, de volerie
Il est toujours bon, sur ma foi
D’avoir les femmes avec soi
Et sans elles, mes toutes belles,
On ne fait jamais rien de bien
Mais c’est sans compter sur Carmen qui refuse de se joindre à eux car… elle est amoureuse ! Au grand désespoir de ses comparses...
Musicalement, la pièce est découpée en plusieurs parties, encadrées par le « refrain-argument ».
Dans un premier temps, les hommes exposent l’affaire dans un tempo allegro vivo représentant leur enthousiasme. L’écriture musicale reflète le dialogue entre les personnages avec l’utilisation fréquente d’un jeu de questions/réponses (technique responsoriale).
Dans une deuxième partie, l’argument des hommes est exposé sous forme de refrain, dans une nuance pianissimo, débouchant sur un crescendo théâtral visant à convaincre les femmes. S’ensuit un jeu de questions/réponses très courtes qui dynamisent le discours. Afin de montrer leur accord, les cinq personnages reprennent l’argument en un tutti homorythmiqueTous les cinq chantent ensemble (tutti) et sur un même rythme (homorythmique)..
S’ouvre un troisième volet, sous forme de récitatif, dans lequel Carmen explique qu’elle ne partira pas avec eux. Ses comparses l’interrogent sur ses raisons par un jeu d’entrées fuguéesentrée rapprochée des voix en imitation afin de soutenir l’effet inquisiteur. Carmen explique avec théâtralité et lyrisme qu’elle est amoureuse. Ses compagnons, surpris, se répondent en duo.
Dans la quatrième partie, le Remendado et le Dancaïre essaient de la convaincre à nouveau dans un duo léger (elle sait faire marcher de front le devoir et l’amour
). Carmen refuse à nouveau ; ses compagnons la pressent dans un crescendo par accumulationajout successif des voix créant un effet sur le volume. Le « refrain-argument » est finalement repris par le quintette vocal dans une ultime partie qui se clôt sur un fortissimo.
Auteure : Anne Thunière