Crédits de l’exposition
- Commissaires : Emma Lavigne, Grazia Quaroni
- Scénographie : Imaad Rahmouni
- Parcours sonore : Gérard Chiron
- Textes pédagogiques : Olivier Nuc
Page découverte
Expositions temporaires du musée de la musique
« I feel I want to be them all - painter, writer, actor, singer, player, musician » déclarait John Lennon en 1967. John Lennon a aboli les frontières entre les disciplines artistiques en faisant de sa vie un happening permanent.
Organisée grâce à des prêts exceptionnels consentis par Yoko Ono Lennon, coïncidant avec le 65e anniversaire de la naissance de John Lennon, l’exposition John Lennon Unfinished Music propose de suivre le cheminement musical, artistique et humaniste d’une des figures les plus importantes de la seconde moitié du XXe siècle.
John Lennon, au sein des Beatles puis en solo, révolutionna en treize albums et une décennie d’existence, toute l’histoire de la musique populaire internationale. Son statut d’icône de la pop music n’est pourtant qu’une partie émergée d’une personnalité artistique bien plus complexe. La formidable explosion médiatique et populaire, le raz-de-marée de la Beatlemania a bien souvent occulté cette vie secrète de John Lennon, qui, enfant déjà, s’imaginait artiste, poète, artisan d’un monde qu’il pourrait ré-enchanter par la grâce de ses mots et de son humour ainsi que le pouvoir de son imagination teintée de surréalisme.
« Je suis un caméléon » aimait affirmer John Lennon avec une bonne dose de provocation, refusant de se laisser enfermer dans une image formatée par les médias. Ce sont les différents visages de John Lennon, défilant sur un écran, qui accueillent le visiteur de l’exposition, chacun correspondant à une période de sa vie. Une chronologie détaillée permet de replacer John Lennon dans le contexte politique, culturel et musical de son temps jusqu’à son assassinat - par un déséquilibré auquel il avait signé quelques heures auparavant un autographe - le 8 décembre 1980 à New York, à l’âge de quarante ans, devant sa résidence du Dakota, alors qu’il rentrait d’une séance de mixage en studio.
John Lennon naît le 9 octobre 1940, à Liverpool, alors que la ville subit les bombardements de l’aviation allemande. Ce port de commerce de 700 000 habitants, proche de Manchester, centre industriel du nord-ouest de l’Angleterre, autrefois florissant, connait alors, et pour plusieurs décennies, une dépression économique, consécutive au déclin de l’industrie cotonnière. John Lennon n’a que quatre ans quand ses parents se séparent et le confient à sa tante Mimi. Solitaire, il se réfugie dans le dessin, les livres, les rêves et la musique. Délaissé par ses parents, adopté par sa tante maternelle, il tente d’échapper aux carcans d’une éducation sévère et très conventionnelle qui le met certes à l’abri des besoins matériels mais ne convient guère à son esprit en ébullition et en rébellion.
À travers son journal de bord, le Daily Howl, il tente déjà de faire chavirer les règles établies et invente un monde en Technicolor, contrastant avec les couleurs d’une Angleterre en noir et blanc, meurtrie par la guerre et la crise économique. Il grandit à Liverpool, endroit qui marque son imaginaire avec le port, les pubs, le Cavern Club.
Son éducation musicale débute par l’apprentissage de l’harmonica, puis sa mère Julia lui enseigne les rudiments du banjo. « Je dois être un fou ou un génie » s’interroge-t-il, tant lui semblent incertaines les alternatives à cette vie que l’on a choisie pour lui.
John Lennon est fasciné par Elvis Presley et Bill Haley. En mars 1957, il forme son groupe de skiffle, les Quarry Men, auxquels se joindront Paul McCartney puis George Harrison. Le monde de John s’écroule le 15 juillet 1958, lorsque sa mère se fait écraser par une voiture devant chez Mimi. Ce drame lui inspirera quelques-unes de ses plus belles chansons, comme Mother ou Julia.
Tout au long de sa carrière avec les Beatles, puis lors de ses années en solo, John Lennon entretient des rapports contrariés avec la scène.
Au fil des concerts, des premiers dans les caves de Hambourg en 1960 au dernier à San Francisco en 1966, les Beatles deviennent des bêtes de scène. Ils enchaînent les tournées, selon un spectacle réglé au millimètre par leur manager Brian Epstein. Aux Etats-Unis, dès 1964, puis dans le reste du monde, les concerts se donnent désormais dans des stades comme le Shea Stadium de New York en 1965.
Très vite, desservi par les limites des techniques de sonorisation de l’époque, le groupe, sous les hurlements des fans, ne s’entend plus jouer. Si les concerts initiaux contribuent à la popularité du groupe, les proportions prises par la Beatlemania freinent bien vite les possibilités de développement du groupe en matière de performances. En effet, les concerts immenses des Beatles deviennent des rites d’initiation : scènes d’hystérie collectives parfois hallucinantes, états de transe, émeutes, bousculades, cris, pleurs.
La scène paraît alors constituer un obstacle aux avancées musicales du groupe. Bien vite, la pauvreté des moyens techniques ne leur permet pas de transcrire la complexité de leurs compositions, bridant leur désir d’innovation musicale. Face à une telle tension, John Lennon adopte une attitude d’autodérision, derrière laquelle on sent poindre un véritable malaise. En 1966, les Beatles prennent une décision radicale : arrêter les tournées. John Lennon est le plus déterminé des quatre. Leur dernier concert en public a lieu le 29 août 1966 au Candlestick Park de San Francisco, devant des milliers de fans.
Il faut attendre 1969 et le festival de Toronto pour voir de nouveau John Lennon sur scène avec le Plastic Ono Band qui désacralise la notion de groupe de rock. « Le Plastic Ono Band sera très flexible : il est en plastique », assure-t-il. Emmené par Yoko Ono et lui-même, il s’agit d’un orchestre à géométrie variable, qui comptera dans ses rangs des musiciens comme Eric Clapton et George Harrison. Le Plastic Ono Band fait ses premiers pas sur scène le 13 septembre 1969 à Toronto et accompagne John Lennon dans ses principaux enregistrements.
Il réserve par la suite ses apparitions en public dans le cadre de concerts de charité ou de soutien à différentes causes politiques.
Pour les Beatles, dès 1966, la création et l’aventure musicale ne se passent désormais plus dans l’arène des concerts mais en studio. Le groupe a gravé l’essentiel de son œuvre dans les studios EMI de Londres, situés à Abbey Road, à l’exception de quelques morceaux enregistrés à Paris, et de l’album Let It Be (1969), dans les locaux d’Apple.
Infatigable défricheur de sons, John Lennon, encouragé par les autres Beatles et le producteur George Martin, pousse la technologie dans ses derniers retranchements en studio. Bandes inversées, effets, astuces permises par les magnétophones multipistes sont au service d’une créativité débordante.
Le groupe consacre de longues heures à traduire sur bandes des idées d’arrangements de plus en plus complexes. À cet égard, la composition de John Lennon, Strawberry Fields Forever (1967), avec son enchevêtrement de sons et d’ambiances, constitue un véritable défi technique.
Au-delà de l’apport d’orchestration instrumentale inédite et de la manipulation des bandes en studio, la sonorité que John Lennon désirait le plus modifier était sans nul doute celle de sa propre voix. Un jour, Geoff Emerick place un micro emballé dans un sac en plastique à l’intérieur d’une bouteille de lait remplie d’eau afin de rendre cette voix insolite ; une autre fois, Lennon s’allonge sur le dos pour enregistrer sa partie vocale de Revolution. John Lennon souhaitait être à lui seul un studio d’expérimentation sonore et conférer à sa voix une couleur différente, « comme quelqu’un qui viendrait de la lune », confiait-il.
Pour comprendre comment John Lennon est devenu l’un des géants de la musique du XXe siècle, il est indispensable de suivre, d’album en album, ce processus de composition avant-gardiste mené en studio aux côtés des Beatles puis de Yoko Ono.
En 1965, l’album Rubber Soul, enregistré en quatre pistes, amorce le changement esthétique des Beatles qui deviennent les chefs de file d’une nouvelle culture pop. Le titre de l’album, jeu de mots sur Rubber sole (« semelle en caoutchouc »), la photographie anamorphosée des Beatles signée Robert Freeman, la typographie psychédélique, l’absence pour la première fois de leur nom sur la pochette, sont autant de signes précurseurs qui affirment la prédominance du contenu artistique.
En 1966, avec Revolver, orchestré par leur producteur George Martin aux studios EMI d’Abbey Road, les Beatles sont devenus des perfectionnistes. Ils passent l’intégralité d’une séance de douze heures à s’amuser avec les effets sonores sur Yellow Submarine, et le plaisir qu’ils y prennent s’entend sur le morceau. La technologie du son, alors en pleine évolution (stéréophonie, expériences acoustiques, distorsion des bandes), leur offre une exploration de la matière sonore inédite, que la scène ne permet pas. Les effets psychédéliques des bandes passées à l’envers (Tomorrow Never Knows), l’influence orientale, l’approfondissement du travail sur les instruments relèguent le trio guitare, basse, batterie à la préhistoire du rock. L’enregistrement de Revolver marque une nouvelle étape : les Beatles assistent pour la première fois au mixage de leurs chansons.
En 1967, Sergeant Pepper’s Lonely Heart’s Club Band est un chef-d’œuvre, d’un point de vue purement technique, la plus grande réussite de la carrière des Beatles, qui fait dialoguer le monde pop avec la poésie, la littérature, le théâtre et la peinture. Encensé et passant en boucle sur les ondes comme un manifeste de liberté (notamment à Cuba) ou censuré pour partie aux États-Unis à cause de ses allusions à la drogue (Lucy In The Sky With Diamonds), l’album est le reflet du flower-power de l’été 1967 et le disque pop par excellence.
Unfinished Music n° 1, 1969 : dans cet album, John Lennon, réalise les parties instrumentales mêlant cris d’oiseaux aux accords de guitare et de piano, samples de disques aux effets d’orgue, en un rythme lancinant, scandé par des vocalises de Yoko Ono. Cette musique s’affirme à l’instar des œuvres de son exposition Unfinished Paintings and Objects présentées à l’Indica Gallery en 1966, comme une « musique inachevée ».
Unfinished Music n° 2 : Life with the lions enregistré en novembre 1968, est le deuxième album de la collaboration avec Yoko Ono.
Publié en 1971, Imagine est enregistré en une semaine par John Lennon et Yoko Ono dans leur demeure de Tittenhurst avec le légendaire Phil Spector, ce dernier album avant leur départ pour les États-Unis s’imposera au fil des ans comme le grand classique de la carrière solo de John Lennon.
Au printemps 1972, John Lennon et Yoko Ono entrent en studio pour enregistrer Some Times in New York City, qui marque leur engagement accru sur diverses questions politiques du moment.
En janvier 1975, John Lennon et Yoko Ono reprennent le fil de
leur vie commune après le lost week end, période de 18 mois pendant laquelle John Lennon renoue avec le mode de vie « rock’n’roll » de ses débuts. Enregistré à New York pendant l’été 1980, l’album Double fantasy fait alterner chansons de John Lennon et de Yoko Ono, sur le mode autobiographique.
Si l’on excepte son rôle dans How I Won the War de Richard Lester (1967), où John Lennon s’affranchit pour la première fois du groupe en jouant le rôle d’un soldat un peu naïf, la carrière cinématographique de John Lennon se confond avec celle des Beatles.
Admirateurs d’Elvis Presley, qui débute sa carrière d’acteur en 1956, les Beatles font leur première apparition cinématographique avec le film A Hard Day’s Night (1964), documentaire de fiction sur la vie du groupe, puis Help ! (1965), tous deux réalisés par Richard Lester. John Lennon manifeste de réelles dispositions et s’y affirme comme un acteur à part entière.
Puis le groupe aborde un registre plus fantaisiste avec Magical Mystery Tour, réalisé en 1967 par les Beatles eux-mêmes, suivi en 1968 de Yellow Submarine, film d’animation de George Dunning. La carrière cinématographique du groupe s’achève en 1970 avec Let It Be, de Michael Lindsay-Hogg.
La référence aux Marx Brothers, récurrente dans les textes qui ont accompagnés la sortie des premiers films, doit autant à ce héros collectif que sont les Beatles qu’à la dimension burlesque des mises en scène de Lester. Celle-ci sera mise en valeur dans Magical Mystery Tour et sera un élément essentiel dans la caractérisation des personnages animés créés par George Dunning. Une fois passé à la réalisation de films expérimentaux avec Yoko Ono, John ne repassera plus guère devant la caméra.
La renommée de John Lennon réalisateur de cinéma expérimental est plus confidentielle. Si les liens entre rock et cinéma d’avant-garde ne sont plus à démontrer, John Lennon est la seule rock star à être devenue réalisateur d’avant-garde. À côté des courts métrages de promotion : Instant Karma !, The Ballad Of John And Yoko, Give Peace A Chance et Cold Turkey, tournés en 1969 et 1970 et destinés à la télévision britannique, John Lennon et Yoko Ono ont tourné ensemble près de treize films « conceptuels » réalisés à Londres et New York entre 1968 et 1971.
Dès 1966, et avant de rencontrer Yoko Ono, John Lennon s’était amusé à tourner des films en 8 mm, inspirés par des réalisateurs qui, tels Bruce Conner, lui envoyaient leurs courts métrages utilisant la musique des Beatles comme bande-son. À l’instar d’Andy Warhol qui, dans Sleep, filme à son insu le sommeil du poète John Giorno pendant 6 heures et quitte le champ de l’action pour rendre visible le temps, les films tournés par John Lennon et Yoko Ono semblent bien procéder de cette captation infinitésimale des émotions humaines.
Dès les premières chansons des Beatles, John Lennon affirme une écriture singulière, qui délaisse les conventions pop en faveur d’un style nettement autobiographique. Les textes de In My Life (1965) et Norwegian Wood (1965) sont à cet égard de véritables témoignages de sa personnalité.
Adepte du nonsense anglais et du burlesque, il publie les livres, In His Own Write (1964), puis A Spaniard In The Works (1965), proches de l’univers de Lewis Carroll.
La rencontre avec Yoko Ono et la découverte des haïkus japonais l’entraînent vers de nouveaux horizons. Le texte utopiste d’Imagine (1971) doit beaucoup à l’ouvrage Grapefruit, publié par l’artiste japonaise.
Jusqu’à la fin de sa carrière, John Lennon se racontera dans ses chansons, telles les pages d’un journal intime s’adressant à tous, de l’engagement (Some Time In New York City, 1971-1972) aux crises personnelles (Walls And Bridges, 1974) ou à la célébration de la vie domestique (Double Fantasy, 1975-1980).
J’ai toujours rêvé d’écrire Alice au pays des merveilles. Je crois que j’ai encore cette ambition secrète. Et je crois que je le ferai quand je serai plus âgé
. Parallèlement, les écrits laissés par John Lennon nous permettent de plonger dans son univers onirique et farfelu qui contraste avec la sobriété, l’universalisme de ses chansons et de ses aphorismes.
Yoko Ono, qui entraîna John Lennon sur la scène avant-gardiste, s’était intéressée à l’art et à la musique dès son plus jeune âge. À New York, où elle s’installe en 1952, elle étudie la musique et la composition et rencontre les compositeurs Edgar Varèse, Morton Feldman et John Cage. Elle s’impose vite comme une des figures de proue de l’avant-garde artistique, organisant dans son loft des concerts de musique expérimentale auxquels prennent part La Monte Young et David Tudor. Elle participe activement au mouvement Fluxus, créé en 1961 à l’initiative de George Maciunas.
Le 15 juin 1968, John Lennon et Yoko Ono réalisent leur premier happening commun lors de la National Sculpture Exhibition qui se tient dans les jardins de la cathédrale de Coventry et qui rassemble des sculpteurs tels qu’Henry Moore. Renonçant à toute idée de monumentalité et de spectaculaire, ils créent Acorn Event, une sculpture conceptuelle, en gestation, une œuvre dissimulée au regard que le spectateur doit imaginer : deux glands de chêne plantés dans la terre, l’un orienté vers l’est, l’autre vers l’ouest, symbolisant leur amour, l’union de l’orient et de l’occident, leur désir de paix entre les deux hémisphères et la nécessité d’une prise de conscience écologique.
Le 1er juillet 1968, la première exposition personnelle de John Lennon, You Are here, est inaugurée à la galerie Robert Fraser de Londres. Au centre de l’exposition, un large écran circulaire blanc portait en son centre une inscription de John Lennon, You Are here, carte vierge plutôt qu’élément de signalisation, et renvoyait le spectateur aux questions complexes ayant trait à l’existence, au temps et à l’espace.
Première reconnaissance officielle et d’envergure de l’œuvre de Yoko Ono, l’exposition This Is Not Here, présentée au Everson Museum of Art de Syracuse dans l’Etat de New York, du 9 au 27 octobre 1971 et organisée par George Maciunas, poursuit le dialogue artistique commencé avec John Lennon qui lui avait dédié son exposition You Are here.
Au-delà de ces performances conceptuelles, John Lennon continua toute sa vie à dessiner, peindre et réaliser des collages notamment lors de son séjour au Japon (1975-79).
La dénonciation de la guerre du Vietnam se manifeste dès 1965 dans le foyer de la contreculture américaine, très critique à l’égard de la politique belliqueuse du président Johnson. En Angleterre, l’intelligentsia se mobilise aussi, notamment Peter Brook, avec sa pièce de théâtre US, donnée en 1966. John Lennon s’engage à son tour cette année-là, en acceptant un rôle dans le film How I Won The War (« Comment j’ai gagné la guerre ») de Richard Lester, qui parodie toute l’imagerie héroïque des films de guerre. Il poursuit ce combat avec Yoko Ono : Give Peace a Chance, Power To The People…
Les chansons de John Lennon deviennent des slogans, les actes de sa vie quotidienne, des manifestes. Du 25 au 31 mars 1969, alors que la guerre s’enlise au Viêtnam, Yoko Ono et John Lennon inaugurent leur croisade pour la paix en s’installant dans une suite du Hilton d’Amsterdam, ornée pour l’occasion de pancartes proclamant Hair Peace et Bed Peace. Sa lune de miel lui fournit l’occasion d’organiser des Bed-In, marathons médiatiques d’une semaine pour la paix, le premier au Hilton d’Amsterdam en mars 1969 : ils passent une semaine dans un lit, à répondre aux journalistes venus de toute l’Europe. Deux mois après, ils renouvellent l’expérience à l’hôtel Queen Elisabeth de Montréal, où ils enregistrent Give Peace A Chance. Henry Ford vendait ses voitures par la publicité. Je vends la paix. Yoko et moi ne sommes qu’une grosse campagne de publicité. Cela peut faire rire les gens, mais cela peut les faire réfléchir. Vraiment, nous sommes M. et Mme La Paix
revendique alors John Lennon.
Le 15 décembre 1969, John Lennon et Yoko Ono lance une campagne publicitaire internationale en faveur de la paix dans douze villes du monde : Athènes, Berlin, New York, Paris... Des panneaux publicitaires géants, placés à des points stratégiques affichaient dans la langue de chacun des pays : La guerre est finie ! Si vous le voulez. John et Yoko Lennon vous souhaitent un Joyeux Noël
.
L’engagement politique de John Lennon retentit dans le majestueux Imagine (1971), son deuxième album solo, qui offre un nouveau rêve, celui d’un monde en paix. Si l’on parvenait à imaginer un monde en paix, sans culte de la religion – pas sans religion, mais sans ce truc "mon Dieu est plus fort que le tien" – alors il pourrait exister
.
Des ballades inoubliables (Imagine et Jealous Guy) côtoient la hargne militante de Gimme Some Truth et I Don’t Want To Be A Soldier et de magnifiques chansons d’amour (Oh My Love, Oh Yoko). Dernier album réalisé avant l’exil américain, Imagine demeure l’œuvre personnelle la plus célèbre de John Lennon.
En 1971, John Lennon et Yoko Ono s’installent à New York, ils découvrent un environnement artistique et politique stimulant, s’engagent pour la libération des femmes, et jouent un rôle actif dans de nombreuses manifestations politiques. Après l’enregistrement de Some Time in New York City au printemps 1972, John Lennon et Yoko Ono en attente de renouvellement de leurs visas, sont sommés de quitter le territoire américain. Il faudra quatre ans à John Lennon, en proie à l’administration Nixon et au FBI, pour obtenir sa carte verte. Cette longue bataille entame sa foi dans l’engagement politique.
Le premier avril 1973, John et Yoko donnent une conférence de presse pour annoncer la création de Nutopia, un pays conceptuel n’ayant ni territoire, ni frontière ni passeports, seulement un peuple. Un pays qui appartient à tout le monde.
. Le drapeau nutopien n’est qu’un simple mouchoir blanc et le Nutopian National Anthem (l’hymne national nutopien) figurant sur l’album Mind Games consiste en quelques secondes de silence.
Ce pays conceptuel à l’hymne silencieux marque la fin du dialogue artistique et musical commencé en 1968 entre John et Yoko.
Après les éclats du Lost Week-end, John Lennon, en paix avec lui-même, dans la solitude du Dakota invente, loin des médias, le nouveau rôle de sa vie : être un homme au-delà d’une icône.