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Les tambours sabar
Description
Chez les Wolofs, le terme sabar désigne un ensemble de cinq tambours de forme conique : le ndeer, le mbëng mbëng, le lamb, le gorong talmbat et le gorong mbabas. Les sons émis varient selon la taille et la forme de l’instrument, qui peut être ouvert ou fermé à la base. Les tambours comme le ndeer et le gorong mbabasCe dernier a été créé vers la moitié du XXe siècle par le musicien professionnel Doudou Ndiaye Rose. sont destinés au jeu en solo, tandis que le mbëng mbëng, le lamb et le gorong talmbat exécutent l’accompagnement.
Traditionnellement, ce sont les hommes qui jouent des tambours sabar tandis que les femmes dansent ou chantent. Cet ensemble accompagne danses et chants lors de circonstances diverses qui réunissent la communauté d’un village ou d’un quartier : mariages, attribution du nom de l’enfant ou tournois de lutte. Ce type d’événement, qui réunit un grand nombre de personnes et qui se déroule à l’extérieur, dans une rue ou dans une cour, se nomme lui-même sabar quand il se déroule l’après-midi, et tànnêbeer quand il a lieu pendant la nuit. Son organisation est assurée par les femmes : elles se chargent de trouver le lieu des festivités, d’embaucher les musiciens et de louer les chaises.
Autrefois, seul le griot jouait de ces tambours. Aujourd’hui, il reste le spécialiste de l’instrument, mais les jeunes, issus d’autres classes sociales, ont désormais accès à sa pratique. L’évolution du jeu de l’instrument et des rythmes est étroitement liée aux changements profonds que connaît la société sénégalaise.
Fabrication
La fabrication de l’instrument obéit à des règles précises : le corps est en bois de dimbpoirier, que l’on trouve en Casamance, au sud-ouest du pays.
C’est à la classe sociale des lawbe que revient traditionnellement la préparation du fût. Puis le gewel prend la relève : il achète le bois au lawbe, et confie à un menuisier le soin de percer le fût en vue de la fixation des sept chevilles. Enfin, il procède au montage de la peau de chèvre, préalablement trempée dans l’eau, ce qui l’assouplit et facilite le travail. Les décors qui viennent parfois orner l’instrument n’ont pas nécessairement de valeur symbolique précise. Le nom du propriétaire du tambour peut aussi y être sculpté.
Jeu
À la différence d’autres tambours d’Afrique de l’Ouest, comme le djembé, le sabar ne se joue pas avec les deux mains nues, mais alternativement avec une main et une baguette (galan). Il est attaché à la taille avec une corde, et on en joue assis ou debout. À l’exception du tambour lamb, tous ces tambours ont une technique de jeu similaire. Chaque frappe a un nom qui se réfère à un son particulier (ex : kin, bax, tak). Les différents rythmes sont appris et mémorisés par récitation de l’imitation vocale des frappes. Un chef d’orchestre, traditionnellement celui qui a le plus d’expérience, guide toujours le groupe à travers une gestuelle et, parfois, en récitant en même temps les différents rythmes.
Bien qu’il n’y ait pas véritablement de valeur magique dans le jeu de l’instrument, le griot doit, avant de débuter, demander par ses prières l’autorisation de jouer aux esprits, et à Allah sa protection contre un mauvais sort qu’on pourrait lui jeter. Une série de rythmes organisés est imposée par les danses. Les musiciens doivent néanmoins être capables de s’adapter au désir et à l’âge des danseuses.
Auteure : Luciana Penna-Diaw