Tchavolo Schmitt (1954-)
Unanimement respecté dans la communauté des musiciens manouches, considéré comme l’un des plus fidèles légataires de l’héritage de Django Reinhardt, Tchavolo Schmitt (parfois graphié Tchawolo) demeure peu connu du grand public, du fait d’une carrière menée avec modestie et discrétion jusqu’à un âge avancé.
Première réputation de virtuose
Né en 1954 à Paris, Tchavolo Schmitt comme l'apprentissage de la guitare à l’âge de six ans, dans le contexte familial, auprès d’un père qui joue du violon et, surtout, d’une mère guitariste. Très jeune, il commence à jouer en public dans les cafés de la porte de Montreuil ou à la Chope des Puces à Clignancourt, lieu où les musiciens de la communauté manouche ont pour habitude de se retrouver. À l’âge de onze ans, il quitte la capitale pour s’installer à Strasbourg, dans une région où vivent sa famille et de nombreux musiciens gitans. En 1974, il se produit avec son frère Gogo et ses cousins Mandino Reinhardt, Sony Reinhardt, Hono Winterstein et Dorado Schmitt, surtout en Alsace. À Darmstadt en Allemagne, à l’occasion d’un festival de musiques tsiganes, il rencontre en 1979 le violoniste Wedeli Köhler qui lui propose de faire partie du Hot Club Da Sinti. Ils enregistrent l’album Wonderful deux ans plus tard. Tchavolo Schmitt acquiert alors auprès des siens – Babik Reinhardt, fils de Django, notamment – et auprès des guitaristes adepte du style manouche une réputation de grande virtuosité doublée d’une sensibilité délicate. Sa sonorité puissante, son attaque vigoureuse, son swing et son aisance sur les tempos rapides participent de l’éclat d’un style joué avec un grand naturel, une joie évidente et une simplicité déroutante.
Reconnaissance d’un plus large public
Il faut cependant attendre le début des années 1990 pour que Tchavolo Schmitt se fasse connaître d’un plus large public, lorsque sous l’insistance de certains de ses fidèles admirateurs, il accepte d’entrer en studio. En 1993, il enregistre ainsi avec deux d’entre eux, les guitaristes Patrick Saussois et Dorado Schmitt (Swing 93). Dans le même temps, il apparaît dans le film Latcho Drom du cinéaste Tony Gatlif, odyssée sur la route des musiques gitanes. Quelques années seront encore nécessaires pour que Tchavolo Schmitt se laisse convaincre d’entrer en studio sous son nom. En 2000, grâce à Romane, qui assure la direction artistique, il enregistre Alors … Voilà ! en compagnie de « Doudou » Cuillerier à la guitare « rythmique », Florin Niculescu au violon, de Gilles Naturel à la contrebasse, Ionica Minune à l’accordéon. Peu après, Miri Familia le fait entendre sur un florilège de compositions personnelles en compagnie de son groupe habituel composé, depuis de nombreuses années, de proches. Sa carrière prend par la suite une envergure nouvelle et les scènes des festivals l’accueillent comme l’un des plus talentueux et plus purs héritiers de Django Reinhardt. À l’occasion du film Swing, Tony Gatlif le choisit pour interpréter un rôle de professeur de guitare, mentor d’un jeune héros fasciné par le jazz manouche. Alors que paraît en 2005 l’album Loutcha, il continue de susciter l’admiration des adeptes de la geste manouche et porte haut le legs de ce Django qu’il considère volontiers comme le Mozart du peuple gitan.
Auteur : Vincent Bessières
(mise à jour : octobre 2006)