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Samson et Dalila Camille Saint-Saëns
Carte d’identité de l’œuvre : Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns |
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Genre | opéra |
Librettiste | Ferdinand Lemaire |
Langue du livret | allemand ou français selon la version |
Composition | entre 1868 et 1877 |
Création | version en allemand : le 2 décembre 1877 au Théâtre Grand Ducal, à Weimar version en français : le 3 mars 1890 au Théâtre des Arts, à Rouen |
Forme | opéra en 3 actes |
Instrumentation | bois : 3 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 clarinette basse, 2 bassons, 1 contrebasson cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 2 cornets à pistons, 3 trombones, 1 tuba basse, 1 ophicléide percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, triangle, glockenspiel, crotales, tambour de basque, castagnettes, tam-tam cordes pincées : 2 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
La genèse de l’œuvre
De l’oratorio à l’opéra
Camille Saint-Saëns, « sous les conseils d’un vieil amateur de musique », découvre en 1866 Samson, un livret de Voltaire rédigé pour un projet de tragédie-lyrique de Rameau. Séduit par le sujet et son contexte à la fois biblique et orientalisant, il est d’abord tenté de l’employer pour un oratorioProche de l’opéra, l’oratorio est un genre lyrique dramatique, au sujet souvent religieux, mais représenté sans mise en scène., d’autant plus qu’il est un fervent admirateur de ceux de Haendeldont l’un des oratorios, Samson (1743), s’appuie sur le même passage de la Bible (Israël en Égypte, Le Messie...) et de Mendelssohn (Paulus, Elias, Christus). Il propose la rédaction du livret à Ferdinand Lemaire qui l’incite à composer un opéra biblique. Saint-Saëns se laisse convaincre et entame la composition de Samson et Dalila en 1868, destinant le rôle de Dalila à Pauline Viardotqui sera trop âgée à la date de la création pour interpréter le rôle.
Neuf ans de composition
Saint-Saëns n’écrit pas son opéra sans peine. Le goût du public de l’époque pour la musique légère, notamment celle d’Offenbach, les débuts de la guerre franco-prussienne, le sujet biblique et, sans doute, la non-reconnaissance de Saint-Saëns comme compositeur d’opéra, sont autant d’explications à l’hostilité de l’accueil réservé par les théâtres aux différentes auditions des premiers fragments de l’opéra. Saint-Saëns, découragé, en abandonne même la composition vers 1870. Franz Liszt, l’un de ses grands admirateurs, l’exhorte à reprendre son projet, lui promettant de le faire créer à Weimar alors qu’il n’en a pas entendu un seul passage. Saint-Saëns, après encore quelques années, parvient à achever l’opéra qui est créé à Weimar, en traduction allemande, le 2 décembre 1877.
Une longue route jusqu’au Palais Garnier
L’œuvre est applaudie à travers l’Europe mais sa création française n’a lieu qu’en 1890 à Rouen, avant d’être enfin jouée à Paris, mais au Théâtre-Lyrique. Elle ne sera interprétée pour la première fois à l’Opéra que le 23 novembre 1892 et deviendra un des piliers de son répertoire. Samson et Dalila reste l’un des opéras français les plus joués dans le monde.
L’argument
Le livret de Ferdinand Lemaire se base sur le chapitre XVI du Livre des Juges. L’argument se concentre plus sur la relation entre Samson, héros à la force légendaire, et Dalila, séductrice cupide dans l’histoire originale. Dans l’opéra, le personnage de Dalila refuse l’argent proposé par le Grand Prêtre pour livrer Samson et n’agit plus que par devoir envers Dieu et son peuple. L’action est simplifiée, dans un souci d’efficacité dramatique, et divisée en trois actes et quatre tableaux :
- L’acte I débute avec le peuple hébreu qui implore Dieu de le libérer du joug des Philistins. Samson pousse les Hébreux à se soulever, et provoque la colère du Grand Prêtre de Dagon. Au cours de la fête qui célèbre la prise de pouvoir des Hébreux, Dalila apparaît, charmant Samson.
- Dans l’acte II, le Grand Prêtre persuade Dalila de séduire Samson et de lui soustraire le secret de sa force. Samson, conscient du rôle qu’il joue pour le peuple hébreu, se méfie : il résiste d’abord mais finit par confier à Dalila que sa force réside dans sa chevelure. Dalila profite de son sommeil pour lui couper les cheveux et le livrer aux Philistins.
- L’acte III montre un Samson aveugle, réduit à l’esclavage quand, au temple, les Philistins célèbrent leur victoire dans une grande bacchanale. Samson y est amené. Humilié, il implore Dieu de lui rendre quelques instants sa force. Dieu répond à son appel : Samson s’appuie sur les colonnes du temple qui s’effondre alors sur lui et l’ensemble des Philistins.
Les personnages et leur voix
- Dalila, mezzo-soprano
- Samson, ténor
- Le Grand Prêtre de Dagon, baryton
- Abimélech, satrape de Gaza, première basse
- Un vieillard hébreu, deuxième basse
- Un messager philistin, ténor
- Premier Philistin, ténor
- Deuxième Philistin, basse
- Hébreux, Philistins, chœur, ballet, figuration
La Bacchanale
À l’origine, les bacchanales sont de grandes fêtes données en l’honneur de Bacchus, divinité du vin et de l’ivresse, qui ont progressivement évolué vers des fêtes orgiaques, notamment à Rome. Le terme s’est appliqué aux musiques et aux danses au caractère de ces fêtes. Il a également désigné des œuvres vocales, aux thèmes populaires et burlesques, chantées à Florence à la Renaissance. Mais il est aujourd’hui plus souvent associé aux divertissements d’opéra qui s’inspirent de ces scènes des bacchantes. Celle du troisième acte de Samson et Dalila est justement l’une des plus typiques, avec celle de Tannhäuser de Wagner. Il se trouve que ces deux opéras sont apparentés, mais pour d’autres raisons : Saint-Saëns, grand connaisseur de l’œuvre de Wagner, a tout d’abord aidé à la création de son opéra en France ; par la suite, l’influence du compositeur allemandutilisation du leitmotiv, emploi de l’orchestre, harmonie chromatique, lyrisme transparaît dans celui de Saint-Saëns. Certains voient par contre dans la Bacchanale, dont l’orchestration propre à la musique française évoque celle de Delibes ou de Bizet, la marque de l’inspiration personnelle de Saint-Saëns. Cette danse teintée d’orientalismeemploi de rythmes, de mélodies, d’intervalles et de timbres évocateurs comme celui des bois ou des percussions est régulièrement inscrite au programme des concerts symphoniques.
Auteure : Aurélie Loyer