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Te Deum H. 146 Marc-Antoine Charpentier
Carte d’identité de l’œuvre : Te Deum H. 146 de Marc-Antoine Charpentier |
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Genre | musique sacrée |
Composition | avant 1690 |
Forme | pièce en onze parties : I. Prélude (marche en rondeau) II. Te Deum laudamus III. Te aeternum Patrem IV. Pleni sunt coeli et terra V. Te per orbem terrarum VI. Tu devicto mortis aculeo VII. Te ergo quaesumus VIII. Aeterna fac cum sanctis tuis IX. Dignare, Domine X. Fiat misericordia tua XI. In te, Domine, speravi |
Instrumentation | voix : huit solistes et chœur à quatre voix bois : 2 flûtes, 2 hautbois cuivres : 2 trompettes percussions : timbales cordes : 4 parties de cordes (dessus, haute-contre, taille et basse de violon) basse continue : orgue doublé par un instrument grave |
Le Te Deum : chant de louange à Dieu et chant de fête
Te Deum est une abréviation de l’expression Te Deum laudamus (« Dieu nous te louons »), une prière que l’on chantait depuis le Moyen Âge le dimanche et certains jours de fête. Depuis ses origines, le Te Deum est également utilisé comme chant pour des occasions festives comme les processions ou les victoires.
La première mélodie écrite sur le texte du Te Deum daterait du XIIe siècle, et la première mise en musique polyphonique (à plusieurs voix) date du XIVe siècle. Au XVIIe siècle, ce texte inspire beaucoup les compositeurs qui laissent à la postérité quelques œuvres exemplaires (les Te Deum de Lully ou Charpentier sont parmi les plus connus).
Contexte de composition
Charpentier compose sixSeulement quatre nous sont parvenus. Te Deum, œuvres destinées à des moments particulièrement festifs (et l’on fêtait beaucoup de victoires à Versailles en ces temps glorieux du règne de Louis XIV). Le Te Deum H. 146, le plus connu, fête une victoirecertainement la victoire de Steinkerque - actuellement en Belgique - en 1692, sur la Ligue d’Augsbourg (alliance de la plus grande partie de l’Europe contre la France) survenue dans les années 1690-1693. Il est de ce fait écrit pour un effectif important : huit chanteurs solistes, un chœur mixte et un orchestre comportant trompettes et timbales.
Focus sur le Prélude
Le Te Deum H. 146 est en ré majeur. D’après l’ouvrage de Charpentier, Règles de compositionoù il précise « l’énergie des modes », c’est-à-dire la tonalité à utiliser en fonction de l’effet voulu, c’est une tonalité joyeuse et martiale
. Cette définition se rapproche de celle de Rameau, pour qui la tonalité de ré majeur, tout comme celle de do majeur, convient aux chants d’allégresse et de reconnaissance
.
Le Prélude de ce Te Deum est une marche en forme de rondeaualternance de couplets et d’un refrain. Le thème du refrain est solennel et revêt le caractère d’un hymne. La puissance et la grandeur qui s’en dégagent s’expliquent par :
- l’utilisation des trompettes et des timbales qui confère une sonorité brillante ;
- la tonalité de ré majeur martelée du début à la fin (aucune altération ne vient lui apporter de nuance), donnant une impression de solidité.
Les couplets apportent légèreté et mobilité par l’absence des instruments aux sonorités brillantes (trompettes et timbales) et par de nombreux changements de tonalité.
Auteur : Jean-Marie Lamour