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L’Art de la fugue Johann Sebastian Bach
Carte d’identité de l’œuvre : L’Art de la fugue de Johann Sebastian Bach |
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Genre | musique pour instrument seul ou musique de chambre |
Composition | entre 1740 et 1750 à Leipzig |
Forme | recueil composé de 19 pièces |
Instrumentation | non définie |
Qu’est-ce qu’une fugue ?
La fugue ressemble à une écriture en canon. Bach en écrit toute sa vie et en devient le maître absolu. Parmi les plus importantes, on peut citer les 48 fugues des deux cahiers du Clavier bien tempéré, celles de L’Art de la fugue, et plus d’une vingtaine, monumentales, pour orgue.
La fugue se construit autour d’un motif musical qu’on appelle le sujet, énoncé initialement à une première voix. À la fin de cette énonciation, une seconde voix répond : la réponse reprend la mélodie du sujet, mais en commençant sur une autre note (la quarte ou la quinte), tandis que la première voix l’accompagne par ce qu’on appelle un contre-sujet. Les autres voix entrent successivement en suivant le même schéma. Les passages fugués à proprement parler alternent avec des passages plus libres appelés divertissements.
Contexte de composition
Bach ne donne aucune indication d’instrument pour L’Art de la fugue, et son écriture ne nous éclaire pas davantage. Depuis la redécouverte du compositeur au XIXe siècle, les musiciens se sont donc approprié l’œuvre, quel que soit leur instrument.
Sa vie durant, Bach cultive l’art du contrepoint, c’est-à-dire l’art d’agencer plusieurs mélodies de façon à ce que, entendues seules ou ensemble, elles soient harmonieuses. L’Art de la fugue en est un aboutissement. L’œuvre est achetée à Anna Magdalena en 1752 par charité, deux ans après la mort de son mari, pour une somme dérisoire (un mois et demi de salaire de feu son époux). Elle ne peut valoir davantage tant la science de Bach est devenue étrangère à ses contemporains. En effet, en 1752, rares sont ceux capables d’apprécier la valeur de l’inestimable manuscrit. La célébrité de Carl Philipp Emanuel Bach (l'un de leurs fils, compositeur et également éditeur de musique) n’y fait pas davantage lorsqu’il cherche un peu plus tard à éditer l’œuvre. Il se résout finalement à vendre à la fonte les soixante plaques de cuivre ayant servi à sa gravure, au poids du métal.
Érigée aujourd’hui au panthéon des plus grandes œuvres musicales, L’Art de la fugue s’est en même temps chargée de mystère :
- L’œuvre est-elle inachevée ? La dernière fugue s’arrête de façon abrupte (ce qui n’est pas dans les habitudes de Bach), et on crut longtemps que le compositeur s’était éteint en pleine écriture, à ce stade de la composition. De plus, la troisième partie inachevée de la dernière fugue développe justement le sujet B-A-C-Hsoit si bémol - la - do - si bécarre. En effet, dans le système musical allemand, les notes sont appelées par des lettres : la = A, si bémol = B, do = C, etc.. Peut-on rêver plus beau testament musical, si réellement ces notes sont les dernières qu’il ait écrites ?
- On ne connaît pas l’ordre dans lequel les contrepoints doivent être placés, on ignore si d’autres étaient prévus, et il y a de fortes chances que Bach ait laissé en chantier plusieurs œuvres au moment de sa mort (ce qui ne peut être prouvé car beaucoup de partitions ont été perdues). Par ailleurs, il n’est pas exclu qu’il ait composé L’Art de la fugue une dizaine d’années avant sa mort.
- Cette œuvre est-elle faite pour être jouée ? L’écriture sur quatre portées (une par voix) semble indiquer le recours à quatre instruments, mais on ignore lesquels. Elle semble exclure le jeu au clavier (dont la notation se fait sur deux ou trois portées), mais les clavecinistes et organistes (et pianistes depuis que l’instrument existe) prouvent chaque jour le contraire. Serait-ce alors une œuvre purement théorique, destinée à la seule analyse musicale ?
Auteur : Jean-Marie Lamour