Page découverte
- Numéro d'inventaire :
- E.375
- Facteur :
- Jean-Nicolas Grobert (1794-1866)
- Lieu de fabrication :
- Paris, France
- Date de fabrication :
- Vers 1830
D'une facture élégante et sobre, cette guitare a appartenu successivement à deux célèbres musiciens : le virtuose génois Niccolò Paganini (1782-1840), violoniste réputé mais également guitariste et compositeur d'oeuvres pour guitare ; le compositeur Hector Berlioz (1803-1869). Guitariste et grand admirateur du virtuose italien, Berlioz en fit don, en 1866, au Musée instrumental du Conservatoire dont est héritier le Musée de la musique.
Après la Révolution française, la guitare connaît une évolution significative : son corps devient moins allongé, plus galbé, l’instrument passe des cordes doublées aux cordes simples, et de cinq à six cordes. Cette évolution organologique n’est pas sans lien avec la vogue du « retour à l’antique » qui, sous le Premier empire, entraîna la réalisation de « lyres » à six cordes. Ces instruments n’apportaient rien de nouveau sur le plan de la sonorité, mais introduisaient une sixième corde que les luthiers de guitare adoptèrent.
Vue de l'instrument
Extrait musical
L'instrument du Musée de la musique
Histoire
La table d’harmonie porte les signatures autographes de Niccoló Paganini et d’Hector Berlioz. On ne connaît pas les circonstances exactes qui ont amené les deux musiciens, qui se connaissaient et s’appréciaient, à apposer leurs signatures sur l’instrument. Paganini a séjourné plusieurs fois à Paris, entre début 1831 et 1838, et c’est probablement lors de l’un de ces séjours qu’il a signé cette guitare. Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises. Une première fois le 9 novembre 1832, lorsque le virtuose témoigne son admiration pour le compositeur de la Symphonie Fantastique. Leur dernière rencontre a lieu en décembre 1838, à l'issu du concert donné dans la fameuse Salle du Conservatoire, au cours duquel Berlioz dirige la Symphonie Fantastique et Harold en Italie.
Description
L’instrument est signé par une marque au fer apposée à l’intérieur de la caisse, sur le tasseau du manche : « Grobert / à Paris ». Les éclisses sont en palissandre de Rio massif (Dalbergia nigra), et le même bois orne en placage le fond de l’instrument, en bois résineux comme il était d’usage à l’époque. Le talon en ébène, le manche et le cheviller en bois teinté plaqués d’ébène, dénotent d’une très grande qualité du travail d’assemblage.
État de jeu
Il ne s’agit pas d’une guitare luxueuse, mais plutôt d’un instrument courant, d’une grande qualité de facture, tel que les apprécient les musiciens professionnels. La restauration de l’instrument et sa remise en état de jeu ont permis de constater sa grande qualité de sonorité.
Portraits de facteurs d'instruments
Jean Nicolas Grobert
Bien que peu d’instruments lui soient attribués jusqu’à maintenant - trois guitares dont une conservée au Musée de la musique – Jean Nicolas Grobert est un luthier apprécié du milieu musical parisien de la première moitié du XIXee siècle.