Billie Holiday (1915-1959)
Enfance et premiers succès
Née le 7 avril 1915 à Philadelphie, Elenora Fagan dite « Billie Holiday » connaît une enfance misérable, délaissée par un père musicien absent et une mère immature qui la confie à des parents à Baltimore, où elle grandit. Enfermée dans une maison de correction à dix ans, violée par un voisin à onze, elle se découvre une famille d’adoption dans une maison close où elle fait des ménages et se met à chanter des airs de Louis Armstrong et Bessie Smith pour la clientèle en doublant des disques. À New York, où elle s’installe avec sa mère à l’âge de treize ans, elle fait ses débuts comme chanteuse dans les boîtes clandestines de Harlem, où elle est repérée en 1933 par le producteur John Hammond qui lui fait enregistrer ses premiers titres avec le clarinettiste et chef d’orchestre Benny Goodman. À partir de 1935, elle réalise avec le pianiste Teddy Wilson de très nombreux enregistrements, accompagnée par certains des meilleurs musiciens de son temps (les saxophonistes Ben Webster et Lester Young ou le trompettiste Roy Eldridge). Après avoir chanté dans les orchestres de Jimmie Lunceford et Fletcher Henderson, elle fait partie pendant près d’un an du big band de Count Basie puis, en 1938, intègre celui du clarinettiste Artie Shaw qu’elle quitte écœurée par les humiliations racistes auxquelles, chanteuse noire dans un orchestre blanc, elle est régulièrement confrontée en tournée.
Carrière et vie privée tumultueuses
Trouvant refuge au Café Society à New York, lieu de rendez-vous de l’intelligentsia de gauche, elle y chante tous les soirs le bouleversant « Strange Fruit », dénonciation de la pratique du lynchage.
En 1941, son interprétation de « God Bless the Child » (dont elle a écrit le texte) se vend à plus d’un million d’exemplaires. Elle se produit alors dans les plus grands clubs et effectue l’année suivante son premier séjour en Californie. Rythmée de liaisons et de ruptures avec des hommes violents, émaillée de dépendances à la drogue et à l’alcool, sa vie personnelle est à bien des égards chaotique, donnant aux paroles des chansons et à leur interprétation une résonance particulièrement dramatique. En 1947, Billie Holiday est emprisonnée pendant plusieurs mois pour possession de stupéfiants. À sa libération, elle chante à guichets fermés à Carnegie Hall à New York mais sa condamnation la prive du droit de se produire dans les clubs de la ville. Alternant enregistrements, tournées, engagements en club, émissions de radio ou de télévision, elle défraie la chronique musicale autant que mondaine.
Les dernières années
En 1954, elle effectue pour la première fois une tournée en Europe et participe à l’édition inaugurale du festival de Newport. Grâce au producteur Norman Granz, elle enregistre abondamment, accompagnée par d’excellents musiciens attentifs à lui offrir le meilleur accompagnement. Son autobiographie, Lady Sings the Blues, est publiée en 1956. Un disque en accompagne la parution, ainsi que deux concerts à Carnegie Hall. Malgré une santé défaillante et la perte d’une partie de ses moyens vocaux, elle continue à se produire en public, à enregistrer (notamment le controversé album Lady in Satin avec cordes) et effectue une seconde tournée en Europe en 1959 où elle apparaît comme l’ombre d’elle-même. Atteinte d’une cirrhose du foie, hospitalisée à New York où elle est une dernière fois inculpée et menottée sur son lit de mort, elle s’éteint le 17 juillet à l’âge de 44 ans.
Auteur : Vincent Bessières (pistes pédagogiques : Caroline Heudiard)