Max Richter (1966-)
Musicien et compositeur d’origine germano-britannique, Max Richter est considéré comme l’une des principales influences pour les compositeurs post-minimalistes et une figure incontournable de la musique néoclassique. Né en 1966 à Hamelin, dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Ouest, Max Richter cherche à toucher à travers sa musique le public le plus large possible. Ce compositeur prolifique a abordé divers champs musicaux, comme le manifestent ses nombreuses œuvres pour soliste, mais aussi ses compositions pour la scène et l’écran. Passant par le minimalisme ou la musique électronique expérimentale, traversant les frontières de la musique populaire, son style controversé est fondé sur la rencontre entre son parcours classique et les expériences de son enfance, marquée par l’électronique, les débuts de la dance, le punk et la musique psychédélique.
Les débuts
Malgré la nature globalisante de sa musique, Richter acquiert ses fondements dans la musique classique. Il étudie le piano et la composition à l’Université d’Édimbourg, puis à l’Académie Royale de Musique de Londres, avant de rejoindre le compositeur italien Luciano Berio à Florence. Après ses études, il cofonde avec d’autres collègues de l’Université d’Édimbourg l’ensemble Piano Circus en 1989, avec lequel il passe les dix années suivantes à commander et interpréter les œuvres minimalistes des compositeurs tels que Arvo Pärt, Steve Reich, Philip Glass, Julia Wolfe, Brian Eno, Terry Riley et Michael Nyman. Au cours des années 1990, Richter explore des horizons situés au-delà de la musique classique, notamment la musique folk et le punk. Il travaille en tant que pianiste, co-compositeur, programmateur, arrangeur, et coproducteur pour le duo électrique Future Sound of London sur les albums Dead Cities (1996) et The Isness (2002). En 2000, il travaille avec Roni Size sur l’album In the Møde de Reprazent. Il produit également l’album Lookaftering de Vashti Bunyan en 2005 et l’album Rocking Horse de Kelli Alis, en 2008.
Le style de Richter
En termes d’esthétique, Max Richter est souvent rattaché à deux styles musicaux : le post-minimalisme et le néo-classicisme (ou post-classicisme). Du premier, il reprend les figures répétitives et les structures simples auxquelles il ajoute un aspect expressif et parfois émotionnel qui n’existait pas dans les premiers chefs-d’œuvre minimalistes. Le second est plus difficile à définir : le concept néo-classique consiste fondamentalement en l’utilisation de sources du passé sur la base de la tonalité. À la fois sérieux et humoristique, Richter se revendique du post-classicisme à propos de son langage : d’un côté il écrit sur papier et utilise à la fois des instruments acoustiques et orchestraux, de l’autre il crée en studio d’enregistrement à l’aide d’outils électroniques, d’ordinateurs et de synthétiseurs.
Trois caractéristiques sont manifestes dans le style de Richter :
- Le syncrétisme : couvrant un large éventail de styles, son langage est le résultat de son amour pour le classique et pour la musique électronique. Perceptible dans Memoryhouse (2002) où divers groupes instrumentaux sont utilisés (instrument solo, formation de chambre, formation orchestrale), ce style sera abandonné dans l’album Infra (2010) où il se détache de la référence aux musiques classiques.
- Le caractère « documentaire » : avec la musique, il explore des histoires aussi bien réelles qu’imaginaires. Cet élément poétique lié à l’image restera présent dans plusieurs de ses œuvres – The Blue Notebooks (2004), Postcards in Full Colour (2008) – comme une stratégie de communication.
- La simplification du contenu et l’exploration des micro-formes avec une combinaison de styles : ces éléments sont évidents dans l’album Songs from Before (2006).
Des projets variés
Max Richter crée de nombreuses bandes sonores, tant pour le cinéma que pour la télévision. Il se fait connaître avec le film Waltz with Bashir (2008) de Ari Folman (lauréat du Golden Globe), un projet qui lui a valu l’European Film Award. Dans ce film, Richter accompagne les images avec des « scènes » musicales en passant de la musique trance à la musique pop/rock, de la musique électro-acoustique aux genres classiques. Il compose également la bande sonore pour le long-métrage indépendant Henry May Long et, en 2008, pour le film Die Fremde de Feo Aladag. Pour Shutter Island de Martin Scorsese, Richter remixe la chanson « This Bitter Earth » (par Dinah Washington) sous le titre de « On the Nature of Daylight ». La musique pour cordes qui accompagne la chanson est publiée dans son album soliste The Blue Notebooks. En 2018, Richter compose la musique pour le film Hostiles du réalisateur américain Scott Cooper d’après une histoire de Donald E. Stewart.
Cependant, Richter ne se limite pas à l’écran. Il réalise aussi des projets pour le ballet, l’opéra, des créations scéniques et d’autres collaborations. Citons comme exemple une commande du Ballet Royal de Londres en collaboration avec le danseur Wayne McGregor et l’artiste Julian Opie, collaboration qui s’est poursuivie dans d’autres créations telles que Sum : Forty Tales from the Afterlives, Kairos (où Richter utilise sa recomposition des Quatre Saisons), et Woolf Works basé sur la vie de Virginia Woolf. Richter réalise des installations musicales (The Anthropocene, 2010) et d’art numérique (Fu-ture Self, 2012) dans des galeries tels que le White Cube Gallery à Londres, ou le MOMA à New York.
Sleep (2015)
Considérée comme son œuvre majeure, Sleep est un concept de huit heures de musique où Richter explore la science du sommeil : c’est une sorte de berceuse électro-instrumentale, en réaction au rythme de vie actuel des hommes. Musique simple et directe, mais expressive et émotionnelle, sa structure en variations représente pour le compositeur les problématiques de l’identité, de la mémoire et de la répétition. L’interprétation dans son intégralité fait l’objet d’un concert avec des musiciens en live pendant que le public dort huit heures.
Auteur : Iván Adriano Zetina Ríos
(Décembre 2018)